L’extrait de la lettre de S. Paul aux Romains que nous venons d’entendre est pour moi cousue de difficultés, mais ça ne m’empêche pas d’en tirer trois magnifiques affirmations :
‘’À cause de Jésus-Christ et de lui seul, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes, régneront dans la vie.’’
– Rm 5,17
‘’L’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie.’’
‘’Par l’obéissance d’un seul, la multitude sera rendue juste.’’
Ces phrases sont une révélation extraordinaire. Je les reçois comme la réponse de Dieu à notre dilemme humain, en tant que croyants, tant juifs que chrétiens. Notre dilemme commence avec le don de la loi, qui se résume en cette belle formule, ‘’soyez saints, car moi, votre Dieu, je suis saint.’’ Lév 19 Soyez saints, c’est-à-dire, imitez-moi. Vivez en justes, en gens qui se comportent conformément à la volonté du Père. Si vous faites ainsi, vous serez sauvés. Sauvés du pire des âpretés de la vie pour le temps de cette vie, puis, à mesure que la foi en la vie éternelle se développe en Israël, sauvés pour l’éternité. Mais voilà bien le dilemme, la seule chose requise pour parvenir à la vie en abondance, nous n’y arrivons pas. Qu’allons-nous devenir?
La vie, la passion, la mort et la résurrection de Jésus se présentent à moi comme la réponse de Dieu, enfin, à la question qui nous était restée dans la tête depuis le dialogue entre Dieu et Abraham devant la ville de Sodome. Dans ce dialogue, Dieu révèle cette chose très étonnante, que s’il trouve 50 justes dans la ville de Sodome, il épargnera non seulement les justes, mais la ville toute entière. Dans une sorte de négociation très audacieuse, Abraham fait descendre Dieu de 50 à 10. Il fait dire à Dieu cette chose extraordinaire que pour 10 justes, il épargnera la ville toute entière. Abraham n’a pas osé aller plus loin. Et nous sommes restés avec la question, combien en prendra-t-il, au juste, pour que Dieu sauve l’humanité toute entière? En Jésus, nous avons enfin la réponse saisissante, stupéfiante même, de Dieu. Si j’en trouve un seul, un seul humain qui vive sa vie en tous points, en obéissance à la volonté du Père, un seul juste, un seul serviteur qui le soit jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix, eh bien, j’étendrai sa justice à la multitude.
Comme il savait que nous en étions incapables, du premier au dernier, il envoya son fils pour qu’il soit cet unique saint serviteur requis, selon la justice de Dieu, pour que la multitude soit tenue pour non pas juste, mais justifiée. Voilà la merveille. En vertu de l’obéissance du seul Juste, l’obéissance parfaite de Jésus que nous voyons comme en condensé dans les réponses de Jesus au tentateur, Dieu nous tient tous et toutes pour justifiés et de ce fait, en principe, promus à la vie en abondance.
Plaise à Dieu que les phrases de S. Paul que j’ai citées ci-haut et qui résument tout cela, nous pénètrent jusque dans la moelle des os, et y demeurent à jamais.
