La vraie vigne

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Le carême invitait à redécouvrir la grâce du baptême. Sans surprises, le temps de Pâques cherche à nous en faire vivre davantage. Mais comment dire le mystère, la présence et l’action du Ressuscité en nous ? — Encore une fois, l’image vaut mille mots.

Dimanche dernier, la Parole évoquait celle du bon pasteur. Le Christ Jésus, vrai berger, n’a pas fui nos misères. Il ne nous a pas livrés au pouvoir du mal et de la mort. Il a plutôt livré vie. Il nous a aimés et nous aime du même amour dont il aime le Père.

L’Évangile selon saint Jean parle d’amour-amitié.  Tout le monde sait la valeur de l’ami véritable. Attentif aux besoins de l’autre et à sa liberté, capable de réconforter, tout autant de confronter. — Qui oserait se dire ami du Seigneur si au baptême il ne nous avait lui-même choisis et appelés ses amis ?    Mais comment l’être en vérité ?

L’image de la vigne nous éclaire. Dans la Bible, on la dit en poèmes, en promesses, en prières. Jusque dans les paraboles de l’Évangile, la vigne est un immense chant d’amour, de vie, de joie et d’espérance.    Pourquoi lui donne-on tant d’importance ?

Parce que la vigne offre une image de la relation de Dieu avec son peuple. Il faut patiemment en bêcher le sol.    La nettoyer, la tailler, protéger et nourrir pour en gouter les fruits. Son histoire annonce celle de la fidélité de l’amour de Dieu pour le monde.

À l’apogée, le Fils unique rencontre de mauvais vignerons. Ils le jettent dehors, le pendent au bois de la croix où il saigne comme un fruit mûr. L’histoire change à partir de là. La vigne change. Il y a une nouvelle vigne. Je suis la vigne, vous, les sacrements.

La vraie vigne vient d’un arbre qu’on croyait mort, de l’arbre fait pour donner la mort. Elle donne la vie nouvelle. Le baptême nous a plongés dans la mort avec le Christ. Notre vie est en lui. Demeurez en moi : qui croit en moi a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.

Vigne et sarments : un mystère d’amitié, de vie donnée, reçue, participée, tout orientée vers la fécondité. Vers les fruits qui glorifient le Père. Vers les fruits à produire en abondance, car la vie est donnée en abondance. Demeurez en moi, comme moi en vous, car en dehors de moi vous ne pouvez rien faire.

Le dimanche du bon pasteur fait prier pour les vocations. On y privilégie évidemment les vocations pastorales. Ce dimanche-ci inclut les vocations diverses de tous les baptisés en communion de vie avec le Ressuscité. Demeurez en moi, soyez mes disciples, vous porterez beaucoup de fruits. De quels fruits s’agit-il ?

D’abord, selon la 1re lettre de Jean il ne peut s’agir que des fruits de l’amour en vérité. Ceux de l’amour, de l’amitié qui se nourrit, qui communie par la foi, à la vie de Jésus ressuscité. L’amour qui fait compatir aux peines et aux misères des autres, s’oublier, se donner, pardonner pour que les autres vivent plus et mieux.

Ça, c’est tout proche de la vie ordinaire, en famille, en communauté, au travail. On peut aller plus loin…    Faire ce qu’a fait la jeune Église de Jérusalem pour Saul, le persécuteur. Dépasser nos peurs, accueillir en frère, l’étranger dérange nos habitudes, inquiète notre avenir.

On peut voir un peu plus grand…  Au-delà de ce qui se passe autour de nous, croire que l’Esprit est toujours à l’œuvre.    Pour que l’Église se multiplie et se construise.  Pour que le monde chemine vers le Règne d’amour, de justice et de paix inauguré par la résurrection du Christ.

Un regarder un peu plus haut encore…  Par le même Esprit Saint, nous tenir devant Dieu avec assurance.  Reconnaitre qu’il demeure en nous, et que nous pouvons demeurer en lui, malgré la pauvreté de nos amours…  Car Dieu est plus grand que notre cœur.  En son Fils, il nous a donné la plénitude de son amour.

C’est cet amour qui nous sauve et qui sauve le monde.   Voilà l’espérance que nous proclamons et célébrons dans la foi.

F. Jean-Marc Perreault O.P.


Actes des Apôtres 9, 26-31 ; Psaume 21 ; 1re Lettre de Jean 3, 18-24 ; Jean 15, 1-8