Vocation chrétienne

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

‘’La promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera.’’

– Ac 2,39

Ces belles paroles de Pierre lors de son premier discours après la Pentecôte vont plus loin, me semble-t-il, que sa pensée réelle au moment où il les affirme. Un peu plus loin dans les Actes des Apôtres, on le voit tout étonné de ce que des païens, le centurion romain Corneille et sa famille, soient appelés à la foi. Il ne se trompait pourtant pas. La promesse est vraiment pour ceux qui l’entendent, pour leurs enfants et pour tous ceux qui sont au loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. Il s’agit de la promesse d’une vie nouvelle, vécue dans la foi et l’espérance, la promesse du pardon des péchés, la promesse d’une communauté de croyants, l’Église, la promesse d’un horizon de vie plus vaste que le monde, la promesse d’un berger, toujours le même, Jésus, qui connaît ses brebis, et dont les brebis le connaissent, de mieux en mieux. Toutes ces promesses ont leur origine dans une série d’événements : l’enseignement, la passion, la mort, et la résurrection de Jésus, et le don subséquent de l’Esprit-Saint, d’âge en âge, dans l’Église.

Et la promesse est vraiment pour tous, y compris ceux qui ont crucifié Jésus. ‘’Ce Jésus que vous aviez crucifié’’ dit Pierre, ‘’Dieu l’a fait Seigneur et Christ.’’ Normalement, on s’attendrait à quelque chose comme : vous voilà donc dans l’eau chaude. Mais non. Pas l’ombre d’un reproche. Car il fallait bien qu’il meure d’une mort violente, pour que les Écritures soient accomplies. Mais il s’ensuit une rétribution pour personne. Il s’ensuit une offre de pardon et de vie pour tous, sans exception. ‘’Vous qui l’aviez crucifié comme tout le monde, vous n’avez qu’à vous convertir, à invoquer son nom sur vous, à être baptisés en son nom, si la providence de Dieu l’a prévu pour vous. Vous recevrez alors le don de l’Esprit-Saint pour être membres de son corps, de sa vie, pour être une partie de la présence au monde et du ministère du Serviteur souffrant qu’il a été.

Mais avec la deuxième lecture de ce dimanche, les choses se corsent. L’évocation de notre vocation chrétienne s’approfondit avec les paroles de Pierre dans sa lettre aux chrétiens. Il nous rappelle que notre vocation chrétienne n’est pas une partie de cartes. Ce n’est pas une participation à la vie post-résurrection du Christ en gloire. Notre vie et notre vocation, c’est la suite de la vie et la vocation, sur terre, de Jésus homme, Jésus serviteur souffrant. Cela est confirmé dans les paroles de Jésus à Paul sur le chemin de Damas. ‘’Je suis Jésus, que tu persécutes’’. Pierre le confirme aussi dans sa lettre, ‘’C’est bien à cela, à supporter la souffrance pour avoir fait le bien’’, que vous êtes appelés, car vous êtes les membres du Corps du Christ, celui dont la relation au monde n’est jamais mieux qu’un équilibre fragile. ‘’il vous a laissé un modèle’’ dit Pierre, afin que vous suiviez ses traces.’’

Disons-le nous : notre vocation chrétienne est grave. Pourtant, elle est si belle. Je préfère la qualifier de sublime. Car c’est ce qu’elle est. Il est sublime, ce mélange d’ombres et de lumières dans la vocation chrétienne. C’est sublime qu’il nous est donné de voir la beauté du Serviteur Souffrant, et de vouloir en faire partie. C’est même de l’ordre du mystère. C’est pourquoi c’est impossible sans le don permanent à nous de l’Esprit-Saint.

En cheminant de Pâques à la Pentecôte, pensons souvent et longuement à cette aventure chrétienne dans laquelle nous sommes embarqués, par le choix et par la grâce de Dieu. Pensons souvent au fait que tout cela tient entièrement à la présence et à l’œuvre en nous de l’Esprit-Saint. Arrêtons-nous sur le fait que nous avons été choisis et appelés. Prenons la mesure, autant que nous le pouvons, de ce mystérieux privilège, et disons souvent, souvent, merci. Et demandons simplement, souvent, la grâce d’être exactement la part du Serviteur Souffrant que le Père a voulue pour nous de toute éternité. Demandons surtout peut-être, parce que cela sera le mobile de notre fidélité dans notre vocation si sublime, demandons la grâce d’avoir devant les yeux en permanence la sublime beauté du Serviteur Souffrant, de sa vie, de son sort.