Par son Ascension

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Par son Ascension que nous célébrons en ce jour, Jésus s’efface pour laisser la place à ses disciples, pour que ces derniers soient plus visibles, plus présents. Si Jésus est appelé à s’élever vers le ciel, les disciples de leur côté sont invités à élever leur niveau de présence et d’action dans le monde. Donc, Ascension de Jésus, Ascension aussi des disciples…

Les textes nous montrent en effet l’Ascension de Jésus comme un double événement : un événement de départ pour Jésus, et en même temps, un événement d’entrée, d’intronisation pour les disciples.

C’est à travers le visage de l’homme que Jésus sera désormais présent dans le monde. Quelle immense responsabilité ! Quelle éminente nomination ! Oui, Jésus nous grandit par son absence. Et il nous invite à vivre et à travailler de telle sorte que notre présence puisse faire grandir nos proches et que nos actions puissent révéler qui nous sommes. Nous sommes à Dieu et notre vie doit témoigner de cela.

C’est aussi cela réussir sa vie, lorsqu’on laisse derrière soi plus de vie, plus de force, plus de solidarité, plus de détermination, plus d’unité ; lorsqu’on devient plus fort après le départ qu’on ne l’était avant.

La grandeur de l’homme, c’est la grandeur qu’il laisse, c’est la force qu’il laisse, c’est la vie qu’il laisse, c’est la belle promesse que son départ annonce.

En cela, Jésus est grand. Il ne leur avait laissé ni pain, ni poisson, ni argent, ni maison, mais une parole forte, un message fort, et puis un cœur, un esprit, une âme. Quand on a une parole forte, un message fort, un cœur, un esprit, une âme, alors on a tout, et on peut tout avoir. Puissions-nous, nous aussi, être grands de cette grandeur-là. Comme Jésus, apprenons à bien partir. Comme les disciples, apprenons à bien rester.

Mais nous le savons, les départs nous font généralement peur. Ils font peur à ceux qui partent, ils font aussi peur à ceux qui restent. Nous ne savons pas partir, nous ne savons pas non plus rester. Les départs sont souvent suivis de désastres, de divisions, de destructions, de ruine, de mort… Cette peur n’est-elle pas souvent le signe d’une vie mal gérée de part et d’autre ? Celui qui a bien travaillé, qui a bien transmis devrait-il avoir peur de partir ? Celui qui a bien appris, qui a bien retenu, devrait-il avoir peur de rester seul ? Avons-nous encore aujourd’hui le cœur à bien travailler, à bien transmettre ? Avons-nous encore le cœur à bien apprendre, à bien retenir ?

Les apôtres se sont peut-être demandé, après l’Ascension de Notre Seigneur : “À qui devons-nous nous attacher ? “À qui devons-nous nous accrocher maintenant ?” La réponse à cette question est double. Premièrement, les apôtres devaient attendre qu’une autre personne divine entre dans leur vie. Dieu le Fils les quittait, mais il avait promis que lui et Dieu le Père leur enverraient Dieu le Saint-Esprit. C’est à l’Esprit Saint désormais que les apôtres devront s’attacher. C’est à ce même Esprit Saint que le chrétien doit s’attacher

Le chrétien est celui pour qui le départ de Jésus ne signifie pas la fin, mais le début de sa mission, non pas la mort, mais la vie. Il est celui qui chaque jour, à l’écoute de la parole de Dieu, à la vue de ses actions, s’efforce d’apprendre et de retenir, et qui, à tout moment, peut dire à Jésus : « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté. » Ainsi, le chrétien va vivre sa vie dans la confiance en ce Dieu qui lui a tout enseigné et qui l’assiste toujours, dans la confiance de celui qui a bien écouté et appris, et non pas dans l’inquiétude et la peur de celui qui se retrouve vide de tout, désorienté, parce qu’il n’a rien écouté, rien appris.

Le chrétien est celui qui se sent investi par le Seigneur, et qui se comporte comme un véritable ouvrier du Seigneur. Il ne passera pas sa vie à crier vers le Seigneur, à spéculer sur des réalités n’ayant rien à voir avec ses responsabilités quotidiennes, à regarder vers le ciel. Au contraire, il sera témoin, c’est-à-dire qu’il s’efforcera à être le ciel qui se penche sur la terre des hommes, Dieu toujours présent et agissant au milieu des hommes.

Soyons donc témoins, c’est-à-dire ce ciel qui se penche sur nos frères et sœurs ; ce ciel qui écoute les cris et les pleurs, qui accourt, qui touche, qui soigne, qui guérit, qui nourrit, qui console, qui aime, qui pardonne, qui apporte la paix et la joie, qui annonce Dieu, qui conduit vers Dieu, qui évite aux hommes d’avoir la nostalgie de Dieu, tellement notre présence leur parle de ce Dieu qui est présent au milieu d’eux.

Jésus qui s’en va est un grand maître. Quels héritiers sommes-nous ?