Par quatre chemins

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

C’est pas mon habitude d’essayer d’aborder plus d’un point, plus d’un évangile dans une homélie, mais aujourd’hui je suis devant un dilemme. Il y a, dans les textes d’aujourd’hui, beaucoup d’évangiles, tous très importants. Et je me dis qu’à moins de lire souvent les Écritures, ce qui n’est pas le cas de tous, nous n’entendons ces textes qu’une fois à tous les trois ans. Et il suffit d’un moment de distraction pour ne pas entendre un verset, et voilà que l’évangile nous échappe.

Je me permets donc aujourd’hui pour m’en tenir qu’à l’évangile de ce dimanche, de mettre en exergue quatre des évangiles qui s’y trouvent.

‘’Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures;… Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.’’ Quelle consolation que de pouvoir se dire, forts de ces paroles, devant le décès de nos proches, quel que soit leur âge, que lorsque le Seigneur est parti, c’était pour nous préparer une place, et que lorsque nos proches et nos bien-aimés nous quittent, c’est tout simplement que leur place était prête, si bien que Jésus est venu les chercher. Quel privilège, quelle bénédiction que de pouvoir vivre le départ de ceux qui nos sont chers dans une telle perspective…

‘’Je suis le chemin, la vérité, et la vie.’’ Qu’on se le tienne pour dit. Bien sûr, il y a d’autres chemins vers le Père, vers le ciel, vers la vie en abondance, pour ceux et celles, et ils sont légions, pour qui mettre son espérance en Jésus en tant que chemin vers le Père n’a jamais été une option, pour toutes sortes de raisons. Pour eux, pour elles, Jésus demeure comme pour nous le chemin, la vérité et la vie, mais par des moyens autres que leur familiarité personnelle avec lui. Mais il se trouve que la familiarité avec Jésus est le chemin le plus sûr, le plus court et le plus direct, si je peux parler ainsi, vers le Père et vers la vie. Il est la vérité qui plane, largement inconnue, au-dessus de toute l’humanité. Au dernier jour, l’univers entier ‘’pliera le genou, et toute langue proclamera que Jésus est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père, mais il nous a été donné à nous, chrétiens, dès cette vie, de reconnaître en lui le chemin, la vérité et la vie. Encore une fois, quel privilège, quel grâce.

‘’Celui qui m’a vu a vu le Père… Je suis dans le Père et le Père est en moi.’’ Quelle consolation, surtout pour ceux et celles qui se sentent bien loin du Père, ou qui sont d’avis qu’ils ont perdu une intimité avec le Père qu’ils croyaient avoir, jadis. Eh bien, le fait est que ‘’nul n’a jamais vu Dieu’’, lit-on dans la première lettre de Jean. ‘’nul n’a connu le Père’’ nous dit Jésus dans l’évangile de Luc, ‘’ si ce n’est le Fils, et ceux à qui le Fils veut bien le révéler.’’ Le Père est en effet plus loin de nous que je l’ai longtemps pensé. Mais quelle consolation alors de se faire dire que le Père et le Fils sont à ce point un que notre communion avec le Fils est en même temps, et du fait même pourrions-nous dire, une communion avec le Père. Ce n’est pas peu de choses. Puisqu’il en est ainsi, je peux accepter que le Père se dérobe à moi. Il m’est présent, après tout, dans son fils.

Enfin, cette affirmation extraordinaire que nous entendons trop rarement : ‘’Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que moi, je pars vers le Père.’’ C’est déjà assez saisissant que de se faire dire que par la grâce de Dieu nous, chrétiens, nous poursuivons l’œuvre du Fils de Dieu dans le monde. C’est encore plus saisissant que de se faire dire par le fils lui-même que nous accomplirons des œuvres plus grandes que les siennes puisqu’il part, lui, vers le Père. Et Jésus ne disait-il pas vrai? En termes de guérisons, de délivrances de toute espèce, de prédication, et peut-être même surtout en termes de participation pleine à son sort comme Serviteur Souffrant, n’avons-nous pas effectivement accompli plus que Jésus pouvait le faire pendant son ministère sur la terre? Tout cela n’est-il pas merveille?

Je m’arrête ici avec une prière de profonde action-de-grâce qu’il nous ait été donné de vivre nos vies, si souvent âpres par ailleurs, dans la possession de tels évangiles.