Comment voir Jésus?

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Luc 19, 1-10

Comment « voir » Jésus? C’est la question que beaucoup de monde se pose. Comment « voir » dans le sens de connaître, de s’approcher de lui ? Comment le voir quand on a une vie qui laisse à désirer ? Zachée, c’est l’itinéraire de chaque croyant. Qui aujourd’hui, n’est pas ce Zachée qui a besoin d’être libéré de son emprise sur les biens de la terre, de son souci d’accroître son égo, son paraître ?

Pour goûter cet évangile, laissons-nous surprendre par les innombrables surprises qui jaillissent à chaque phrase du texte. Première surprise : Zachée, coupé des autres, enfermé dans ses avoirs et toujours soucieux comme le riche d’agrandir ses grenier, court grimpé dans un arbre.

Lui, le petit monsieur vivant un fort sentiment d’infériorité et mésestime de lui-même, va se cacher dans les feuillages d’un arbre, un sycomore, qui est un symbole de protection, de sécurité. Il se cache dans un arbre parce qu’il se sentait regardé de travers par la foule. Jésus, lui, parce qu’il ne le voit pas comme un drogué de l’argent, mais comme un humain assoiffé de dépassement, s’invite chez lui. Étonnant pour Zachée, il ne s’arrête pas à son passé. Il entrevoit seulement que son cœur tout recroquevillé est capable de s’ouvrir aux autres. Autre surprise, il s’entend appeler par son nom et surtout, il réalise que malgré le poids de sa réputation, Jésus ne passe pas outre comme ce prêtre et ce lévite. Plus que s’inviter chez lui, Jésus lui dit, surprise incroyable, il faut que j’aille dans ta maison. Non pas : je veux, mais il faut. Ce « il faut » qui cache quelque chose de plus fort, semble pousser Jésus vers Zachée. Ce quelque chose, c’est la bienveillance de Jésus! Zachée est tellement heureux, ébranlé intérieurement par ce « il faut », qu’il change du tout pour le tout. Renversement à 180 degrés. Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. Lui, le pauvre même s’il a tout, le pauvre d’amis, le pauvre de joie, ajoute à sa joie déjà très grande de recevoir Jésus, celle de s’entendre dire aujourd’hui : le salut est arrivé à cette maison. Dire cela à un mécréant comme lui, c’est la pure folie de Jésus. N’est-il pas venu nous dire qu’il est fou de nous !

Zachée voulait voir qui était Jésus et il l’a vu. Non seulement il a vu Jésus comme Seigneur, mais il voit les torts que son comportement autoréférentiel, pour citer le pape François, a pu causer aux autres. Le « il faut » a été accueilli comme un geste de bienveillance à son endroit et la poussé à se décentrer de lui-même. Je rends le quadruple à toute personne que j’ai lésée.

Voyant qui était Jésus, Zachée a commencé à voir qui il était lui-même. Voilà le beau renversement de cette rencontre. Il a commencé à vivre debout et non plus écrasé par sa réputation, délivré de la honte qui l’étouffait. Il sort de son tombeau et se sent ressuscité. Revivre. Tout cela s’est produit en lui sans le moindre reproche de la part de Jésus. Sans la moindre condamnation. Zachée nous dit qu’accueillir Jésus, c’est être sauvé de soi-même. Son itinéraire de transformation de lui-même en homme ouvert aux autres, est l’expérience que chacun éprouve quand il rencontre vraiment Jésus. Merveilleuse rencontre… que je vous souhaite!

 

Un frère dominicain