Trembler devant le pardon

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

‘’Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait; alors, à ta prière tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à dieu la guérison? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui? Il garde rancune, qui donc lui pardonnera ses péchés? Et dans l’évangile : ‘’C’est ainsi que mon père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. Avouons-le, ces paroles, cet appel à un pardon sans limite et sans réserve, nous font trembler.

L’appel est on ne peut plus clair. Nous sommes appelés à pardonner comme le Père pardonne. Autant de fois qu’il y a offense, il faut que pardon s’en suive. Deux raisons sont offertes. La première, c’est le fondement de toutes les exhortations chrétiennes : il s’agit d’imiter Dieu, d’être parfait comme notre Père céleste est parfait. Plus concrètement, de pardonner comme il pardonne. La deuxième, c’est qu’il en va de notre pardon à nous. Voilà ce qui me fait trembler.

S’il est vrai que la mesure que je reçois en matière de pardon sera celle que j’ai donnée, mon Dieu, qu’est-ce qui va m’arriver? Ma solution devant ce dilemme est double. La première est de me jeter dans les bras de la miséricorde. J’ai décidé un bon jour de croire que Dieu est vraiment aussi bon qu’on le dit dans les évangiles. Je fais ce saut de foi que dans sa bonté, Dieu me pardonne mes offenses, même si j’ai moi-même retenu mon pardon pour des offenses contre moi qui étaient autrement moins graves que celles que j’ai commises. Ma deuxième solution se situe au niveau du réalisme. À un niveau proprement humain, le pardon auquel nous sommes appelés en tant que chrétiens est, dans certains cas, tout simplement impossible. Il ne faut pas s’en étonner.

Il y a des pardons dont Dieu seul est capable. Or nous sommes appelés en certaines circonstances à ce genre de pardon divin mais justement, nous ne sommes pas Dieu. Nous sommes prisonniers des limites du potentiel de pardon qu’il y a dans le cœur humain. Il y a des pardons qui ne sont possibles que par la grâce de Dieu. Il faut en être vivement conscients, et faire à Dieu la prière qui s’ensuit : Dieu, accorde-moi la grâce de tous les pardons auxquels je suis appelé, et qui sont bien au-delà de mon potentiel naturel de miséricorde.

Il faut demander la grâce du pardon, croire que cette grâce nous sera accordée, et faire confiance. Dieu s’occupe de ses enfants, de ses bien-aimés que nous sommes. Oui, nous arriverons un jour, ne serait-ce qu’au Ciel, à pardonner comme le Père pardonne. Car nous serons alors, enfin, dotés du cœur de Dieu. Nous pardonnerons enfin, en ce jour-là, comme le Père pardonne. D’ici là rappelons-le nous bien. En nous invitant à l’imiter, Dieu ne s’est jamais attendu à ce que nous y arrivions, dans cette vie, sans sa grâce. Il voulait simplement que nous souscrivions à l’idéal, et que nous cherchions, fut-ce en vain, à l’imiter. Il est mu jusqu’aux entrailles par nos efforts pathétiques, futiles.

Faisons confiance.