Sachons nous réjouir

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Elle est toute belle, cette rencontre de deux femmes enceintes, l’une de Jean-Baptiste et l’autre de Jésus. Elles vont passer trois mois ensemble nous dit l’évangile de Luc un peu plus loin, pour se rendre service mutuellement, et pour savourer ensemble les largesses de Dieu envers elles.

Le côté grogneux en moi, porté à être attentif à tout ce qui ne va pas, chuchote en moi : ‘’pauvres femmes, si vous saviez ce qui attend vos deux fils, vous sauriez qu’il n’y a pas de quoi se réjouir.’’

Et pourtant, L’enfant dans le sein d’Élizabeth a tressailli d’allégresse à la salutation de Marie. N’est-ce pas Dieu qui l’a fait tressaillir d’allégresse? N’est-elle donc pas tout-à-fait convenable, l’allégresse de l’enfant dans le sein d’Élizabeth, l’allégresse d’Élizabeth et de Marie, même sous l’horizon des drames à venir?

Cette scène m’apprend une leçon importante. Il ne convient pas de bouder les heures heureuses, parce qu’elles ne sont pas toutes heureuses. Il faut accepter les heures sombres, mais il faut aussi se réjouir aux heures de bonheur. Il y a vraiment un temps pour chaque chose sous le ciel. Sachons les étreindre tous pour ce qu’ils sont, les bons temps comme les mauvais temps.

Nous avons chanté à l’instant dans le psaume 79, cette supplication : ‘’Visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta droite.’’ Israël l’a attendue bien longtemps, la visite de Dieu. Tragiquement, du moins dans son leadership politique et religieux, il ne l’a pas reconnu, le jour de sa visite. Mais Dieu nous a bel et bien visités. C’était pas, après tout, une visite à son seul peuple Israël. C’était une visite au monde entier.

Il nous a visité non pas seulement spirituellement, mais dans notre chair, en la personne de son Fils Jésus. Avec la voix que le Père lui avait donnée, Jésus a dit, dans les mots du psaume 40, ‘’tu m’as formé un corps. Alors j’ai dit : ‘’me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le livre.’’ Et, poursuit la lettre aux Hébreux, c’est grâce à cette volonté, celle du Père, que nous sommes sanctifiés par l’offrande que Jésus-Christ a faite de son corps, une fois pour toute.

Oui, j’ai raison d’être parfois grincheux. Il est terrible, le sort qui attend les enfants qui sont dans le sein d’Élizabeth et de Marie, mais combien elle est belle, la grande trame de l’histoire. Dieu a visité son peuple. Son peuple n’a pas voulu de lui, mais l’offrande qu’il a faite de son corps, de sa vie, constitue le sacrifice nécessaire et suffisant pour le pardon de tous les péchés du monde entier, de tous les temps.
Aussitôt le sacrifice offert, Dieu l’a ressuscité, ce Fils obéissant, et avec lui j’en suis sûr, Jean, son partenaire si intime dans l’accomplissement des chants du serviteur souffrant.

Et nous, eh bien, nous sommes d’une certaine façon la suite de cette Incarnation que nous célébrons à Noël, sa présence au monde, pour être sa mission, sa passion, sa mort, d’âge en âge, et pour vivre au dernier jour sa résurrection.

Il y a du sombre au tableau, c’est indéniable, mais sachons nous réjouir avec Élizabeth et Marie de ce qu’il y a de beau et de grand dans le rappel que nous fêterons d’ici trois jours : Dieu a vraiment visité son peuple. La naissance de Jésus qui vient, c’est le début de l’Incarnation, la présence à nous de ce même Jésus, de son Père, dans l’Esprit-Saint, jusqu’à la fin de ce temps, et pour toujours. Y a de quoi être joyeux.