« Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi; soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez, le voici qui vient. »
Qui allait-il être, celui qui devait venir? Eh bien, tout comme Syméon, nous l’avons vu. Par le don de la foi, nous l’avons reconnu. Dans sa vie dans la chair, il était le serviteur souffrant qu’avait entrevu le prophète Isaïe. Après sa résurrection, nous voyons en lui le beau Fils d’Homme entrevu par le prophète Daniel. À l’aide de la lettre aux Hébreux, nous voyons dans l’ensemble de sa vie, avant et après sa résurrection, qu’il était le grand prêtre qu’il nous fallait. Celui qui a réduit, comme Daniel l’avait entendu de sa bouche dans une apparition, celui qui a réduit le diable à l’impuissance. Celui qui a été serviteur souffrant afin justement de pouvoir être grand prêtre. Car il fallait qu’il vive la condition humaine jusque dans ce qu’elle a de plus difficile, pour pouvoir intercéder, en tant qu’un des nôtres, en notre faveur. Il fallait qu’il nous soit semblable en tout pour pouvoir devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu. Il fallait qu’il souffre jusqu’au bout l’épreuve de sa passion, afin de pouvoir porter secours à ceux, celles qui subissent une épreuve.
Voilà donc qui il était, celui qu’Israël attendait depuis des siècles sans savoir qui exactement il attendait. Vaguement, quelqu’un envoyé par Dieu pour nous sauver.
Nous sommes, nous, de ceux et celles qui dans la foi, comme Syméon, l’ont vu. Ça me renverse de penser que les paroles de Syméon dans l’évangile de la Présentation de Jésus au Temple, elles sont toutes aussi justes et vraies dans nos bouches que dans la sienne. Nous pouvons les dire en notre nom. Maintenant, ô maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples, lumière qui se révèle aux nations, et donne gloire à ton peuple Israël. Nous avons reçu le meilleur de ce que cette vie peut donner, la connaissance de celui qui devait venir de la part de Dieu le Père, si bien que nous pouvons partir à tout moment.
Bien sûr, nous ne sommes pas nécessairement pressés pour partir. Peu se diraient tout-à-fait prêts à partir. Et pourtant, la vérité des choses, c’est que nous pourrions partir à tout moment, à partir du moment où nous avons été saisis par le Christ vivant. Car en cela, nous avons tout gagné, le meilleur du moins, de ce que cette vie peut donner.
Cela me bouleverse et m’emplit d’émotion. Je pourrais partir, et ce serait bien correct, parce que mes yeux ont vu celui qui est le salut de Dieu, la lumière des nations et la gloire du Père. Celui que tout l’univers, sans nécessairement en être conscient, voudrait rencontrer, voir de ses yeux.
La présentation au temple, tout comme l’épiphanie et l’enfant dans la crèche pour les bergers, c’est la manifestation de celui qui est à la fois fils d’homme et fils de Dieu, celui qui depuis son incarnation est Emmanuel, Dieu avec nous pour toujours. Manifestation aux bergers, aux mages, à Syméon, mais aussi, manifestation à nous, par le don de la foi. Rendons-en grâce à Dieu.