Dire l’avenir

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Il y a des gens qui prétendent dire l’avenir, et il y a bien des manières de le faire.    Tirer aux cartes ou au thé.    Lire dans les lignes de la main.    Voir dans une boule de cristal, dans le jeu de tarot.    Parler aux morts… — Est-ce que c’est ça être prophète : dire l’avenir, rassurer quand ça va mal?

J’entends le cri, la prière de Moïse.    « Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit en eux, faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »    À bien y penser, c’est bioen ce que sommes déjà.    Plongés    avec le Christ dans sa mort par le baptême pour vivre de son Es-prit. — Sommes-nous prophètes pour vrai?    Comment savoir ?

Je retiens trois points particuliers de la Parole entendue. — D’abord une similitude de Moïse à Jésus. Moïse, le plus humble de tous les hommes, résiste à la demande de son auxiliaire Josué : « Serais-tu jaloux pour moi? »    Jésus refuse l’intransigeance de Jean, son disciple, il montre ainsi la confiance et la liberté qui l’habitent : » Ne l’empêchez pas…, qui n’est pas contre nous est avec nous ! »

Voilà, il me semble, un 1er signe de l’Esprit qui fait prophète.    Il ouvre les yeux du coeur pour voir sa présence et son action chez les autres.    Même quand ils ne sont pas de ceux qui marchent avec, ou, et comme nous.    Même quand ils sont restés derrière, sont dis-tants, paraissent indifférents et peut-être délinquants.

Ensuite… — Selon le Livre des Nombres, les anciens se mettent à prophétiser dès que l’esprit du Seigneur repose sur eux, mais ça dure pas : pourquoi ? — Aucun indice dans le contexte immédiat.    Ça pourrait signifier que le don de l’Esprit n’est pas magique, automatique.    On n’est prophète, qu’en se laissant conduire par l’Esprit, travailler, convertir par lui.

L’Évangile et Paul autorisent à relire en ce sens le Psaume 18.    L’Esprit est pédagogue, parfaite Loi de Dieu en nos    coeurs.    C’est lui qui redonne vie : il nous a fait et nous fait renaitre.    Il rend sage : il nous fait reconnaître ce qui est vraiment juste et discerner nos erreurs.    Il nous apprend à prier : préserve-moi de l’orgueil de définir par et pour moi même le chemin du bonheur.

Enfin… — La Lettre de Jacques et l’Évangile selon saint Marc concrétisent ce propos.    C’est maintenant, aujourd’hui, que se joue l’avenir.    Aujourd’hui, qu’il faut se laisser conduire par l’Esprit du Seigneur et discerner quelles sont les vraies richesses.    Aujourd’hui, qu’il faut agir avec justice.    Qu’il faut entendre la clameur des pauvres de ce monde qui monte vers le Seigneur de l’univers.

Personne ici n’a de champ à moissonner, cependant…    Des ouvriers venus d’Amérique latine, plus ou moins payés, cultivent les terres des environs.    Sur nos tables, le café, le thé, beaucoup de fruits et de légumes viennent de pays où règnent la pauvreté et l’exploitation.    Nos garde-robes sont pleins d’habits tissés et cousus en Asie.    Nous consommons un pourcentage disproportionné de biens du monde.

Les mots de Jésus rapportés par Marc sont durs.    Ils sont prophétiques.    Ce sont des appels à écouter l’Esprit et à le suivre pour entrer dans le royaume de Dieu, la vie éternelle.    Faut-il pour autant les prendre au pied de la lettre, se mutiler ?    J’en doute, mais il faut certainement se détourner des convoitises qui replient sur soi-même.    Celles des yeux, celles des mains qui se ferment, celles qui font tout ramener à soi.

L’automne va nous ravir une fois de plus par l’exubérance de ses couleurs et de ses saveurs.    Nous entrons dans la saison de l’Action de grâce.    Unissons-nous à celle du Christ Jésus.    Il nous dit l’amour de Dieu.    Il nous montre par sa parole et dans sa chair l’avenir que Dieu nous donne.    Prions pour que son Esprit nous fasse devenir vraiment enfants de Dieu.    Que nous soyons, par tout notre être, des instruments de sa générosité et de sa compassion, des témoins de sa justice.

F. Jean-Marc Perreault O.P.


Nombres 11,25-29 ; Psaume 18 ; Lettre de Jacques 5,1-6 ; Marc 9,38-48