Perdre ou donner notre vie

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Si je vous demandais : « Quel est l’élément le plus important dans l’Évangile que nous venons d’entendre », que répondriez-vous ?

Est-ce la nécessité que le Christ devait souffrir ? Est-ce le commandement de renoncer à nous-même et de porter notre croix ? Est-ce l’inutilité d’essayer de perdre sa vie ? Par ailleurs, est-ce l’inutilité d’essayer de sauver sa vie ? Il y aurait d’autres réponses ; mais on pourrait probablement mettre ensemble un bon nombre de réponses possibles, étant donné que toute motivation comporte davantage qu’un seul facteur. En d’autres termes, toute motivation véhicule plus qu’un seul motif.

​En fait, il y a un extrait de l’Évangile d’aujourd’hui qui, dans nos sociétés occidentales, suscite spontanément un certain scandale ou encore un hochement de tête sceptique. C’est l’obligation de perdre sa vie. Plusieurs psychologues affirmeraient que l’idée de perdre sa vie est strictement impossible et que cet effort équivaudrait à une auto-tromperie. Mais Jésus suppose-t-il qu’il soit possible de directement vouloir perdre sa vie ?

​Il faut admettre que Dieu, en tant que Créateur, a mis en nous un grand désir de vivre à plein – ce qui est le dynamisme fondamental de l’être humain. Dans la Bible, on voit que Dieu garantit la vie de son peuple choisi, auquel il offre une alliance. Et Jésus lui-même promet le bonheur à ses disciples lorsqu’il proclame la béatitude : « Heureux les pauvres » et toutes les autres béatitudes.

​Il me semble que le point central ici est la décision de suivre Jésus. Jésus dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite » et « Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile ». La perte de sa vie est donc liée à la personne de Jésus et à l’Évangile qu’il a annoncé.

​Ainsi Jésus précise la ressemblance entre lui-même et ses vrais disciples. Il s’agit d’imiter le Christ à la fois dans ses joies et ses souffrances. Quand nous acceptons aussi bien les joies et les souffrances de notre quotidien, nous faisons l’expérience de l’Évangile, dont le mot signifie « Bonne nouvelle », comme vous le savez. Or cette Bonne nouvelle inclut non seulement les joies, mais également les souffrances des disciples que nous sommes.

​Dans sa Lettre, saint Jacques concrétise un aspect de ce que représente l’Évangile : donner aux pauvres. Il nous dit que la foi vivante, pas la foi morte, est mise en œuvre dans l’aide qu’on apporte aux autres. Cette aide peut être directe ou indirecte, c’est-à-dire dans un contact physique ou bien par l’intermédiaire d’agences soucieuses de diminuer la misère humaine. De la sorte, chacun et chacune d’entre nous fait sa part dans l’aide accordée aux autres.

​Demandons à l’Esprit de nous disposer à donner notre vie en témoignage à Jésus, mort et ressuscité. Et dans cette Eucharistie, célébrons aussi cette mort et cette résurrection qui nous apportent le salut.

Louis Roy, OP