Évidemment, Jésus est au centre de ce passage de Jean que nous venons d’entendre. Le même Jésus que les disciples ont suivi sur les routes. Il vient, il est avec eux, il leur parle, les libère de la peur. Ils voient ses mains, son côté, son corps. Ils sont remplis de joie.
Le même Jésus…, mais tout autre. Il vient en passant par des portes verrouillées. Il les envoie à l’égal du Père qui l’a envoyé. Il leur souffle l’Esprit du 1er jour de la création nouvelle. Il est le Fils qui donne la Vie éternelle, la vie de Dieu, à ceux qui croient.
Il y a aussi Thomas-Didyme, un gars aussi troublant qu’attachant. Il nous ressemble avec nos peurs, nos doutes et méfiances. Il serait notre juneau. D’abord incrédule, il fait ensuite la plus belle profession de foi. Pouvons-nous faire le même chemin que lui, nous qui n’avons pas vu ?
L’expérience de Thomas et des autres est unique. Mais, vous connaissez surement des gens qu’un grand évènement, heureux ou malheureux, a transformés. Leurs priorités, leur façon de voir la vie, de voir le monde, ont changé. Ils disent : Ça ne sera plus jamais pareil!
C’est là que veut nous entrainer la parole du Seigneur entendue ce 1er jour de la semaine. Selon trois angles très importants de notre vie. Celui des blessures que nous portons, celui de notre vie communautaire religieuse ou paroissiale, celui des drames et des angoisses du monde.
Le Christ envoie remettre les péchés qui altèrent ou ruinent la relation à Dieu et aux autres. Jean aurait pu dire qu’il envoie les apôtres. Ici, comme ailleurs, l’Auteur emploie le terme plus global de disciples. Sans préjudice pour le ministère apostolique, ne faut-il pas dire que cette mission concerne tous les croyants. Tous ceux et celles qui ont la vie en son nom et suivent le Seigneur.
La rencontre du Ressuscité transforme. C’est tellement plus naturel et vite fait d’exclure ce qui blesse ou contredit. Par le souffle de son Esprit, le Seigneur rend capable du pardon qui guérit. Il fait témoin de la miséricorde infinie du Père, instrument de son pardon. Si nous le donnons, c’est une mission extraordinaire. Une grave responsabilité quand nous le refusons.
Quatre résumés des Actes des apôtres illustrent les débuts de l’Église. Ici, Luc souligne deux choses. D’abord, que l’activité des apôtres poursuit celle de Jésus. Ils accomplissent moult signes et prodiges. On accourt à eux être guéri. Luc note ensuite qu’un même cœur, un même amour, un même Esprit bienveillant (Paul préciserait : sans rivalités, jalousies ni coteries), soude et identifie les fidèles de Jérusalem.
On les voit ensemble sous le portique de Salomon. On les regarde loin. On fait leur éloge.
Mystérieusement attirée vers eux, des foules d’hommes et de femmes deviennent croyants et s’attachent au Seigneur. Ce portrait a pu être jugé idéaliste. Ne réalise-t-il pas l’ultime appel de Jésus : Comme je vous ai aimés., aimez-vous les uns les autres ; c’est à l’amour que vous aurez… qu’on vous reconnaitra pour mes disciples ? N’est-ce pas toujours là le lieu le plus vrai de notre rencontre du Ressuscité ?
S’il y a idéalisme, il frappe un mur. Exilé dans l’île de Patmos, Jean se dit solidaire de ses sœurs, de ses frères en détresse. Son message est toujours éloquent. Les chrétiens du 2e siècle étaient victimes de persécution. La situation de plus en plus diminuée et précaire de l’Église d’ici, les clivages majeurs qui hantent l’Église universelle ont de quoi semer l’angoisse. Bien davantage encore, la persistance des inégalités, des injustices, des fourberies et des violences dans le monde.
En même temps qu’aux sept Églises d’Asie Mineure, l’Apocalypse rappelle ce qui est au cœur de la foi et de l’espérance, au cœur de la royauté et de la persévérance en Jésus. Celui qui souffle l’Esprit de vie nouvelle et de réconciliation, c’est le Vivant à jamais. Il a clés de la vie. La mort n’a sur lui aucun pouvoir. — En rendant grâce pour sa présence qui nous rassemble, prions-le de raviver son amour en nos cœurs… Qu’il renouvèle en nous la lumière de notre baptême et qu’il nous garde en route, pleins de confiance, si sombre que paraisse certains jours l’avenir.
F. Jean-Marc Perreault op
Actes des apôtres 5,12-16 ; Psaume 117 ; Apocalypse 1,9-11a.12-12.17-19 ; Jean 20,19-31