La prière de Jésus

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Nous avons hérité de la prière enseignée par Jésus aux disciples.    Nous en connaissons la formule par coeur.    Nous l’avons redite cent fois, mille fois, parfois avec attention, parfois distraitement.    En savons-nous la portée ?    Nous habite-t-elle au point d’orienter notre vie, de lui donner sens, de la transfigurer peu à peu ?

C’est ce que fait la prière de Jésus.    Chez Luc, toute sa mission, du début aux derniers mots sur la croix, à la bénédiction d’adieu aux disciples… Toute la mission de Jésus, toute sa vie, est ponctuée de moments de prière décisifs.    Tel est le Souffle qui l’habite, son guide, sa force.    C’est le fruit d’une relation vivante, d’une vraie communion de vie.    Jésus invite ses disciples, il nous invite, à y prendre part.

Quand vous priez, dites : Père ! — Pour Jésus, le Père c’est Dieu, le Seigneur qui fait tout avec bonté au ciel et de la terre.    C’est lui qu’Abraham pouvait déjà prier avec insistance afin qu’il pardonne la lourde faute de Sodome, fût-ce en n’y trouvant qu’une poignée de justes.    Ce Père nous a tout donné.    Il s’est tout entier donné, en son Fils.    Son amour éternel se révèle dans les paroles et les actes de Jésus.

Selon Paul, le Père de Jésus nous a fait passer avec lui de la mort à la vie par le baptême dans la foi.    Les fautes qui nous blessent à mort, il les a pardonnées, clouées sur la croix du Christ.    En lui, il nous a fait renaitre avec la force qui a ressuscité le Christ d’entre les morts.    Grâce à lui, animés par son Esprit nous sommes enfants de Dieu : nous l’appelons « Abba », Père… notre Père.

Quand vous priez, dites : Père !    Tout est là.    En Jésus, grâce à lui, la certitude de n’être pas face à un juge aveugle, mais face à un ami fidèle, comme le suggère la parabole entendue dans l’évangile selon Saint Luc.    Face à l’amour qui entend et répond, qui voit et sait reconnaitre le vrai et le faux.    Dans le Christ, nous avons la certitude de demander et de recevoir, de chercher et de trouver, de frapper et de pouvoir entrer.

La prière nous amène naturellement à nos besoins fondamentaux et légitimes.    Le pain de chaque jour, fruit de la terre et pain de la Parole de Dieu, pain de vie, pain vivant, pour fortifier notre existence fragile.    Le pardon qui relève et remet en route.    La grâce de résister à nos insatiables convoitises. La prière de Jésus nous tourne vers Dieu pour que notre vie courante, banale, heureuse ou douloureuse, soit élevée par le pouvoir de l’amour paternel.

Dès les premiers mots, la prière de Jésus nous tourne vers Dieu pour que nous devenions de plus en plus ses enfants.    Elle élargit notre cœur aux besoins de tous les autres, proches et lointains.    Elle nous fait porter leurs soucis, leurs peines, leurs espoirs.    Elle nous fait témoins de l’amour inconditionnel du Père.    Témoins en paroles et en actes, de la sainteté de son nom et de la bienheureuse espérance de son règne universel de justice et de paix.

Pensez-vous qu’il manque une demande au Notre Père de Luc ? — En apparence, peut-être, mais tout est vraiment là…    Dans le clair-obscur de notre existence, il reste à nous laisser conduire par l’Esprit pour apprendre à prier comme il faut (Romains 8,26).    Pour apprendre et faire nôtre l’ultime prière de Jésus.    Celle de sa Pâque et de la nôtre.    Père, notre Père, que ta volonté soit faite et non la mienne…    Père, je remets ma vie entre tes mains (Luc 22,42 ; 23,46).    Il faut se lever de bonne heure : ça ne s’improvise pas !

De la sorte, au-delà des mots et des rites, au fil de la vie ordinaire, que nous passions de la mort à la vie avec le Christ ressuscité.    Que ce soit vraiment lui qui vive en nous, comme l’écrit Paul aux Galates (2,20).    Et, comme le dit la 1re Lettre de Jean (3,2), que nous en venions à lui être semblable en le voyant tel qu’il est.    Que la prière de notre foi persévérante et audacieuse nous y conduise !

F. Jean-Marc Perreault O.P.


Genèse 18,20-32 ; Psaume 137 ; Colossiens 2,12-14 ; (Romains 8,15) Luc 11,1-13