Je vivrai et publierai

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

Du livre d’Ézéchiel, que nous avons entendu en première lecture : ‘’Je vais ouvrir vos tombeaux et vous en ferez remonter, ô mon peuple… Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez. ‘’

De la lettre de Paul aux Romains que nous avons entendue en deuxième lecture : ‘’L’Esprit de Dieu habite en vous…Si le Christ est en vous, alors l’Esprit vous fait vivre. Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, eh bien celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.’’

Et de l’évangile de Jean que nous venons d’entendre : ‘’Jésus cria d’une voix forte : ‘Lazare, viens dehors! Et le mort sortit de son tombeau, les pieds et les mains liés. Jésus leur dit : ‘Déliez-le et laisser le aller’’’.

Tout, dans les textes de ce jour, parle de la vie qui nous attend, la vie après la mort. La vie bienheureuse. La résurrection, ou ‘’life-back-more’’, comme on désigne la résurrection dans l’anglais des Iles Salomon.

Et c’est heureux, parce que c’est un discours qu’hors de nos églises, nous n’entendons plus. Nous étions jadis portés par cette conviction parce que c’était, jusque vers les années ’50, le discours ‘’mainstream’’. Mais ce ne l’est plus. Le discours de la masse des humains dans notre société occidentale, c’est plutôt, dans les mots abruptes de l’auteur irlandais Joseph Conrad : ‘’I believe that when I die, I shall rot.’’

J’en ai eu une confirmation très puissante du discours désormais mainstream sur la vie après la mort l’été dernier lors d’une célébration de vie organisée pour mon neveu de 40 ans qui est mort d’un cancer du cerveau. Ce fut, je dois bien le dire, une très très belle célébration de vie, toute en discours très touchants, et en beaux chants. Mais c’était la célébration d’une vie qui n’est plus. Tous les discours étaient tournés vers le passé, vers ce que fut la personne et la vie de Gaetan. Pas un mot sur l’avenir, sur son avenir, sur sa vie à venir. Le nom de Dieu n’a pas été prononcé une seule fois pendant cette cérémonie qui a duré un bon deux heures.

C’est le monde dans lequel nous vivons désormais. Et nous sommes humains, sujet comme tout le monde à l’influence du discours ambiant.

Il est donc plus important que jamais qu’en Église, nous ramonions les braises de notre conviction antique face à la mort et à la vie qui s’ensuit. Il est essentiel que nous redisions haut et fort, pour nous-mêmes, et les uns pour les autres, que nous sommes le corps du Christ, et que tout comme lorsqu’un enfant vient au monde, là où la tête passe, nécessairement, le corps doit suivre. Nous allons passer avec et après le Christ, par la mort, vers la vie.

Je viens de lire ces belles paroles dans un sermon de St. Léon le Grand sur la passion qui figure à l’office des lectures pour le 4e jeudi du Carême : ‘’Il est nôtre, ce corps sans vie qui gisait dans le sépulcre du Christ, mais qui a ressuscité le troisième jour et qui, au-dessus de toutes les hauteurs célestes, est monté jusqu’à la droite du Père tout-puissant.’’

Quelle belle pensée que du moins dans le propos du Père, nous sommes déjà morts avec le Christ, et que déjà nous sommes auprès de lui, dans nos corps, du moins en anticipation, en espérance. À vrai dire, S. Paul l’avait déjà dit avant S. Léon le Grand, dans sa lettre aux Colossiens : ‘’Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ, en Dieu. Quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous serez manifestés avec lui, plein de gloire.’’ Col 3,3.4

Réconcilions-nous une fois pour toutes avec la mort en nous disant que la mort, ma mort, c’est très simplement correct, puisque Jésus y est passé avant moi. Il m’a précédé. Je vais passer après lui, comme lui, par la mort, vers la vie.

Ou encore dans les mots du psaume 117 : ‘’Non, je ne mourrai pas, je vivrai, et publierai l’œuvre de Dieu.’’ Que l’Esprit qui habite en nous suscite en nous la conviction profonde et permanente que tel est bien le cas. En fait, Je mourrai, mais je vivrai et publierai pour toujours l’œuvre de Dieu.