Enfin, pour une fois, une bonne journée dans la vie de Jésus. La seule fois, que je sache, dans tous les évangiles, où Jésus s’entend avec un scribe. Et pas sur un détail. Jésus et le scribe s’entendent sur le fait que la priorité parmi les commandements, elle est à l’amour pour Dieu, et l’amour du prochain. C’est pas peu de choses.
Un moment de rapprochement, d’unanimité, de communion, dans la vérité de la révélation. C’est un événement rare, et beau. Nous devons espérer ces moments de communion dans la foi, dans l’évangile, en être à l’affut, et rendre grâce à Dieu pour tous les moments où nous vivons ces moments de communion au niveau de l’essentiel, avec des gens avec qui nous avons par ailleurs peu en commun, peut-être même avec des gens qui nous sont adverses.
Rendons grâce à Dieu pour ce rare, beau moment dans la vie de Jésus. Il est bon qu’il nous soit mis sous les yeux en ce dimanche.
Cet incident dans la vie de Jésus est beau, et méritait d’être relevé, mais je veux surtout aujourd’hui mettre en relief l’enseignement de la deuxième lecture de ce dimanche, tirée de la lettre aux Hébreux.
Qui est Jésus pour la lettre aux Hébreux? Un grand prêtre, saint, innocent, immaculé, dont les fonctions sont au nobre de deux.
La première, comme tout grand-prêtre, est d’offrir des sacrifices pour le pardon des péchés, sauf que dans le cas de Jésus, il n’y a pas de répétition sans cesse des sacrifices pour le pardon des péchés. Il en a offert un, celui de sa propre vie, une fois pour toutes, et imputé, aux yeux du Père, de nature à être suffisant pour le pardon de tous les péchés, de tous les temps. On peut éprouver un malaise devant cette notion du sacrifice de la vie du Fils au Père pour le pardon des péchés. Mais il me semble que le malaise s’atténue grandement quand on pense que le Père a décrété que ce seul sacrifice serait suffisant pour le pardon de tout, tout péché. En toute justice, il faut que la dette du péché soit payée. Avec ce principe, nous sommes tous d’accord. Nous reconnaissons cette norme au plus profond de nous à l’indignation que l’on éprouve devant ceux qui commettent des crimes horribles, et qui échappent à la punition. Mais Dieu s’acquitte, si je peux ainsi dire, des exigences de la stricte justice en déclarant que la seule mort de son Fils suffira pour les satisfaire. Pour liquider la dette du péché de toute l’humanité. Ça, ça renverse notre malaise. Si la pensée que le sacrifice de la vie du Fils est requis pour le pardon d’un quelconque péché, ça nous paraît sévère, pour ne pas dire méchant ou cruel, la pensée que ce sacrifice serait le paiement suffisant pour le pardon de tous les péchés de tous les temps, ça nous paraît trop bon. C’est une pensée qui révèle l’amour pour nous du Fils, mais en même temps, du Père. Un élément de la révélation chrétienne qui est à méditer très longuement.
La deuxième fonction de Jésus en tant que grand-prêtre est celle d’intercéder pour nous. Il intercède pour nous auprès du Père, pour notre salut. Son intercession est sans cesse, elle est éternelle, puisqu’il est, lui, éternel, et elle est efficace. Elle est efficace parce qu’elle est l’intercession d’un d’entre nous, pleinement un d’entre nous. Un qui échappait de par sa nature à la condition humaine avec tout son lot de souffrance, mais qui librement est entré de-dans, qui l’a vécue jusque dans sa pire expression. Parce que son intercession est de ce fait efficace, Il est capable, dit la lettre aux Hébreux, de sauver d’une manière définitive ceux et celles qui par lui s’avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
De quoi donc aurions-nous peur, du moins, eu égard au salut éternel.
Rendons grâce à Dieu le Fils pour l’obéissance qui l’a rendu digne intercesseur pour nous auprès du Père. Rendons grâce au Père de ce qu’il voit dans l’obéissance du Fils l’obéissance qu’il attendait de l’humanité, et en vertu de laquelle l’humanité est sauvée.
Rendons grâce à l’Esprit-Saint pour les livres des Saintes Écritures, dont la lettre aux hébreux, qui nous rendent accessible, intelligible, le sens de la vie, du sort, et de la vocation de Jésus, fils d’homme, fils de Dieu.