De retour dans son village natal, Jésus constate et déplore deux dispositions chez ses familiers, aussi tristes l’une que l’autre.
La première, leur incapacité d’accueillir son message, la non-réception de Jésus par ses familiers, malgré le fait qu’ils sont impressionnés par son enseignement. Ça ne suffit pas. Les mots, aussi sages soient-ils, les miracles, aussi grands soient-ils, procèdent d’un homme qu’ils connaissent trop bien. Il ne peut pas être ce que ses paroles et ses gestes laissent entendre qu’il est, un envoyé de Dieu. Il ne peut pas l’être parce qu’il est le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon.
Ne s’agit-il pas d’une dynamique de la vie en société que nous ne connaissons que trop. Exprimé en anglais, familiarity breeds contempt. Exprimé en français, nul n’est prophète en son pays. C’est trop vrai, hélas. Nous avons une tendance naturelle à discréditer comme source d’inspiration ceux et celles qui sont trop proches de nous. Il y en a parmi nous qui sont ouverts à toute source d’inspiration, quelle qu’en soit l’origine, mais ils sont l’exception et non pas la règle. C’est comme ça. Aussi déprimant que cela peut être, il y a dans cette vérité un potentiel de déculpabilisation et de délivrance.
Nombreux, très nombreux sont les gens qui me confient leur tristesse de ne pas arriver à faire passer la foi à leurs proches. Je leur dis toujours. Justement. Vous n’arrivez pas à leur communiquer la foi parce que vous êtes leurs proches. Transmettre l’évangile et avec lui, la foi à ses proches, cela a un potentiel de réussite lorsqu’ils sont enfants, et qu’ils ne connaissent pas d’autre source d’inspiration que leurs parents. Mais ce temps est vite passé. Il faut, me semble-t-il, faire confiance à ce qu’on aura réussi à leur transmettre lorsqu’ils étaient encore réceptifs, et faire confiance à Dieu pour la suite. Dieu saura bien mettre sur leur route quelqu’un à qui ils sont ouverts, en tant que source d’inspiration, et qui saura leur partager quelque chose de l’évangile. Et bien sûr, il faut se rabattre, comme Ste Monique sur la prière que cette inspiration par quelqu’un d’autre leur adviendra.
Et pour revenir à soi-même en tant que victime, nous aussi, de cette fermeture à toute inspiration venant de quelqu’un qui nous est trop familier, ne convient-il pas de demander à Dieu cette ouverture à toute source d’inspiration, y compris nos proches. C’est un don très précieux que de savoir reconnaître une vérité d’évangile, quel qu’en soit le porteur. Ça décuple pour nous les sources d’évangile. Il faut très certainement demander ce don à Dieu.
La deuxième disposition que Jésus constate et déplore chez ses familiers, c’est leur manque de foi.
‘’Et là, dit l’évangile, il ne pouvait accomplir aucun miracle.’’ Ce n’est pas le seul endroit dans les évangiles où la possibilité même des miracles est liée directement à la foi de ceux qui les demandent. Pas de foi, pas de miracles. On peut alors demander à Dieu la foi qui procure des miracles.
Tout est don. Le don d’accueillir les prophètes dans nos vies, ceux et celles qui nous révèlent quelque chose de Dieu et de son évangile, qui qu’ils soient. Le don d’une foi assez profonde pour obtenir de Dieu des miracles. Tout est don. Dans la mesure où on en est conscient, tout devient possible.