Saint Dominique n’a pas laissé d’écrit spirituel qui révèle son â-me. On le dit homme d’Évangile. Ça n’est pas tant parce qu’il porte en voyage les textes de Matthieu et de Paul. C’est surtout parce que la parole de Dieu est au coeur de sa vie. Je retiens aujourd’hui trois faits, parmi bien d’autres, qui montrent comment elle l’inspire, le nourrit, le fait agir.
Voici d’abord le jeune Dominique à l’université de Palencia. Il a abandonné le cursus des humanités et se voue ardemment à l’étude de la parole de Dieu. Survient une famine et des gens meurent de faim. Un geste décisif le met alors sur la route de l’Évangile. Par compassion, à la suite du Christ qui s’est fait pauvre pour nous, Dominique vend ses précieux livres, annotés de sa main, pour nourrir les pauvres.
Quelques années ont passé : le voici dans le sud de la France. La misère morale et spirituelle de l’Église le désole. Des mécréants défient les légats du pape, on veut les forcer par les armes. C’est là que la vocation de Dominique à la vie apostolique prend corps. Il vient en messager de la bonne nouvelle qui annonce la paix, car le Seigneur a consolé et racheté son peuple.
Dès lors, il va combattre les dérives de l’hérésie, fort de la seule Parole de Dieu : par le dialogue, sans contraindre, avec le souci d’instruire… Cette position se reflète jusque dans l’héritage qu’il nous a légué. Une façon de gouverner peut-être plus difficile et plus risquée. Pas surtout par actes d’autorité, mais avec la patience de la conversation, de la conviction… C’est donc beau quand on y arrive vraiment !
L’iconographie montre souvent Dominique en prière au pied du Christ sauveur. C’est en lui seul, Verbe de Dieu, que le messager de l’Évangile, malgré toutes ses fragilités, trouve la force de proclamer la Parole à temps et à contretemps. C’est sans doute aussi dans la promesse du Christ ressuscité : Je suis avec vous jus-qu’à la fin du monde, que Dominique trouve l’audace d’une forme de vie communautaire inédite. Sans hésiter, il s’empresse de disperser la poignée de frères venus partager son idéal de vie apostolique.
Il les envoie dans les grandes villes et les centres universitaires d’Europe. Non, dans le but 1er d’en faire des érudits, des savants. Mais pour que la Parole de Dieu écoutée dans
l’Évangile et dans la vie des gens à évangéliser les saisisse davantage. Pour que cette Parole méditée, étudiée et priée nous habite. Au point de nous transformer sans cesse et, si possible, de nous rendre conforme à l’Évangile que nous prêchons.
À ce titre, on ne saurait oublier que les moniales sont première fondation de maitre Dominique. Avec leur vie toute consacrée à la Parole, dans la pure gratuité de la prière et de la contemplation, elles sont comme un phare pour soutenir notre projet de vie apostolique. Rendons grâce et prions pour la fidélité des unes et des autres !
F. Jean-Marc Perreault O.P.
Isaïe 52, 7-10 ; Psaume 95 ; 2 Timothée 4,1-8 ; Matthieu 28, 16-20