D’un avent à l’autre

Paroisse Saint-Jean-Baptiste – Ottawa https://sjb-ottawa.org

D’une saison à l’autre, d’un avent à l’autre :
Attendons le Seigneur qui revient en marchant à sa rencontre

Fin et commencement

La liturgie de l’Église oscille entre la fin et le commencement, la manifestation et l’attente. Elle finit et elle recommence. Si la solennité du Christ Roi de l’Univers marque la fin d’une année liturgique, le premier Dimanche de l’Avent commence une nouvelle autre. Le Christ est le Commencement et la Fin, l’Alpha et l’Oméga (cf. Ap 1, 8 ; 21, 6 ; 22, 13). Si le Christ Roi manifeste la Gloire, le Règne et la Vie du Christ dans l’univers visible et invisible, l’Avent nous introduit dans une nouvelle période d’attente de la manifestation de règne du Christ qui revient.

Il s’agit d’un cycle pour célébrer un mystère qui nous dépasse en profondeur, en hauteur, en longueur comme en largeur. C’est une manière, pour l’Église, de célébrer dans le temps humain un mystère, un événement qui transcende le temps humain. C’est une manière, pour l’Église, de célébrer « le déjà et le pas encore du Christ ». En cela, le cycle liturgique n’était pas un éternel retour. Il est, certes, un cycle en mouvement sur lui-même. Mais, il marche en avant à la rencontre de Celui qui est, qui était, qui sera et qui revient bientôt. Le cycle finira à la Grande Rencontre avec Lui.

Il était, Il continue d’être et Il revient

Le Christ est venu (cf. Jn 1, 14) et est reparti depuis environ 2000 (cf. Lc 24, 50-51 ; Ac 1, 9). Mais, Il revient bientôt, comme Il a promis (cf. Ap 2, 16 ; 3, 11 ; 22, 7.12.20 ; Ac 1, 10-11). En clair, Lui qui revient était d’abord et Il est toujours. Il continue à être dans notre espace et temps qu’Il transcende pourtant. Il continue d’être avec nous (cf. Mt 28, 20), d’être dans nos cœurs par la foi (Jn 14, 23 ; Ap 3, 20). De fait, avant de revenir et de se re-manifester de façon visible, dans l’éclat de gloire, le Seigneur ne quitte jamais un cœur qui croit en Lui, l’espère et l’aime.

Le temps de l’Avent (du latin adventus, qui veut dire venue, arrivée, avènement) commémore le temps d’attente de la première venue du Christ, dans la chair que nous célébrons à chaque Noël. Cependant, il ne se limite pas à la commémoration de Noël. Il va au-delà tout en attendant son second avènement dans la gloire. Pour cela, avant, pendant et après Noël, nous sommes toujours en attente du Seigneur. Nous sommes toujours en Avent pour sa venue.

En d’autres termes, de l’Ascension du Christ à la droite du Père, jusqu’à son second retour, l’Église et l’humanité entière est dans l’Avent de la Parousie du Christ, le dernier Avent pour sa seconde venue. Entre ce grand temps, l’Église continue de célébrer des moments liturgiques pour commémorer certains faits marquant de la première venue. Noël, l’Épiphanie, le Carême, la Passion, la Pâques du Christ, l’Ascension et la Pentecôte, pour ne citer que ceux-ci, entrent bien dans les mystères marquant divins de la première venue. À cause donc de l’envergure de la parousie, de la seconde venue du Christ, il faut se préparer en conséquence. Car, Il ne vient plus pour revenir.

Veillez, tenez-vous prêts !

Oui, le Christ revient bientôt, dans un temps et à une heure que personne ne sait (cf. Mt 24, 36.42.44 ; Mc 13, 32 ; Lc 12, 40). Son jour, son heure est toute proche, comme dit Paul (cf. Rm 13, 12). Il faudrait l’attendre avec hâte et impatience mais, encore, avec prière et vigilance. « Veillez donc » (Mt 24, 42), « tenez-vous prêts, car c’est à l’heure que vous ignorez que le Fils de l’homme va venir. » (Mt 24, 44) Pour cela, le prophète Isaïe et le psalmiste invitent à monter à la montagne, à la Maison du Seigneur (cf. Is 2, 1-5 ; Ps 121 (122)).

C’est donc un avent pérégrinant, un avent des pèlerins. Il fait blanc dehors. Il neige ! D’un avent à l’autre, d’une saison à l’autre, nous l’attendons en marchant à sa suite. On y monte pour prier le Seigneur ou, plutôt, pour L’attendre dans la prière ou Le prier dans l’attente. On y monte pour apprendre ses chemins, c’est-à-dire pour apprendre sa Parole. « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur. » (Is 2, 3 LIT)

Par ailleurs, le psalmiste donne les conditions de l’Avent pour monter au Temple, à la Montagne du Seigneur. « Qui peut gravir, dit-il, la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? 4L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles (et ne dit pas de faux serments). 5Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. » (Ps 23 (24), 3-5)

Le Christ, dans l’Évangile, nous en livre une interprétation. « Mais ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. 19Du cœur en effet proviennent intentions mauvaises, meurtres, adultères, inconduites, vols, faux témoignages, injures. 20C’est là ce qui rend l’homme impur.» (Mt 15, 19-20) Il s’agit des œuvres des ténèbres que Paul exhorte de rejeter afin de revêtir celles de la lumière du Christ (cf. Rm 13, 12)

En cela, la pureté de cœur s’obtient par la bonne conduite qui se résume par la charité et la vérité, la justice et la paix. C’est avec ces dispositions de cœur qu’on peut monter à la Montagne, à la Maison du Seigneur pour Le prier ; qu’on peut connaître ses chemins et L’attendre sa venue avec assurance. En clair, c’est dans la prière, la parole et la charité qu’on attend le Seigneur.

Temps de prière, de parole et d’action

Le temps de l’Avent est un temps de prière. La prière est la grande veilleuse de l’Avent du Seigneur. Cette prière est portée par l’œil de la foi, les mains de la charité qui rend la veillée, l’attente active. Elle est portée par le souffle de l’espérance et la méditation de la Parole du Seigneur qui est comme la lumière de la veilleuse (cf. Ps 119 (118), 105). C’est en fonction de cette méditation de la Parole qu’on connaîtra ses voies et qu’Il sera Juge entre les nations et l’Arbitre de peuples nombreux (cf. Is 2, 4).

Le fait que, dans l’évangile, de deux hommes un soit pris et l’autre laissé, qu’une femme soit prise et l’autre laissée (cf. Mt 24, 40-41), traduit le fait de la surprise de la venue et, surtout, celui des attitudes devant la venue subite du Seigneur. Certains personnes seront prêtes, c’est-à-dire éveillées, et d’autres pas. Ainsi, plutôt que d’y voir un sort, un destin de salut déterminé d’avance, il faudrait voir un appel et une interpellation à la conversion, à l’éveil, au réveil et à la prière afin de ne pas être surpris. De fait, Dieu ne veut pas la mort des pécheurs, mais seulement qu’ils se convertissent et soient sauvée (cf. 1 Tm 2, 4).

Malheur ou malheureux ce peuple, cette nation qui ne prie pas le Seigneur, qui ne médite pas sa Parole. Malheur donc à un peuple, une nation qui ne connaît pas les chemins, les sentiers du Seigneur !

Appelons la paix sur le monde

Les sentiers du Seigneur sont des sentiers de d’amour, justice et de paix. Ils ne sont pas les sentiers de guerre parce que Lui, le Seigneur, qui est, qui était et qui vient, est le Prince-Seigneur de Paix, de Justice et d’Amour. On peut donc comprendre l’intensité de la prière du psalmiste pour la paix à Jérusalem, au Moyen Orient, en Afrique, et partout ailleurs où il y a la violence, la permanence de la barbarie et du Sang versé, comme au NOSO camerounais.

« Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! »
À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : « Paix sur toi ! »
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien. »

– Ps 121(122), 6-9

Appelons le Bonheur du Seigneur sur le Cameroun, sur le Kongo, sur le Mali, sur le Burkina Faso, sur le Niger, sur le Nigéria, sur le Soudan, sur le Moyen-Orient, sur l’Ukraine et sur tous les foyers de tensions et de guerres dans le monde. Que la Paix du Seigneur règne dans leurs murs, et son Bonheur sur leur peuple ! À cause de nos frères et sœurs chrétiens, à cause de nos frères et sœurs en humanité, que la Paix et le Bonheur du Seigneur soit sur eux. À cause du Nom du Seigneur, qui est, qui était et qui vient, et qui ne veut pas la mort et le malheur d’aucun humain, désirons leur bien. Prêchons, prions et agissons pour cela. Le temps de l’Avent c’est un temps d’action pour la justice et la paix, un temps d’action contre tout ce qui apporte l’injustice et la guerre.


Is 2, 1-5 ; Ps 121 (122) ; Rm 13, 11-14 ; Mt 24, 37-44